L’Homo sapiens est né en Afrique il y a 200 000 ans, d’autres espèces d’Hommes archaïques peuplaient déjà l’Afrique et d’autres continents. L’Homo sapiens aurait tenté de quitter l’Afrique il y a 100 000 ans et aurait fait irruption au Moyen-Orient. Il n’a pas été plus loin cette fois ci. 30 000 ans après (il y a 70 000 ans) notre espèce a quitté l’Afrique à la conquête de l’Eurasie. Elle a donc rencontré et côtoyé d’autres espèces humaines comme l’Homo neandertalensis en Europe et Denisova en Asie. Nous sommes forcés de constater que peu de temps après l’arrivée de sapiens sur les autres continents, les populations déjà installées ont disparues (l’Homo sapiens se serait mieux adapté à l’environnement qu’était le monde il y a 30 000 ans). Néanmoins les scientifiques ont prouvé qu’une partie du génome de ces populations archaïques se trouvaient dans celui de l’Homo sapiens.
Les chercheurs sont partis de l'ADN nucléaire extrait des ossements de trois Néandertaliens différents. Les éléments étudiés sont datés entre -38 000 et -40 000 ans. Par la suite, les scientifiques ont comparé ces séquences d'ADN avec celles de plusieurs populations d'Hommes modernes dans le monde (Europe, Chine, Afrique du Sud et de l'Ouest...). Cette comparaison d'ADN nous a permit de découvrir que les génomes des populations ne venant pas d'Afrique se rapprochent beaucoup plus de celui de Néandertal que celles venant d'Afrique. Elle nous montre également que 1 à 4 % du génome humain actuel pourrait provenir des Néandertaliens mais n'est absolument pas présent chez les populations africaines. Nous pouvons donc dire qu'il y a eu un flux de gènes de Néandertal à l'homme moderne. Ce flux de gêne s'est produit entre -50 000 et -80 000 ans.
Grâce à ces analyses, les scientifiques ont estimés que Néandertal et l'homme moderne se sont séparés entre 270 000 et 440 000 ans avant nos jours. Les populations européennes et asiatiques sont donc les seules à posséder un capital génétique en commun avec Néandertal. Ce qui nous indique que ce flux de gènes s'est produit juste après le déplacement des premiers Hommes en dehors d'Afrique à la conquête de l'Eurasie il y a 100 000 ans.
Tout a changé en 2010 avec la découverte par Svante Pääbo (paléo-généticien) et son équipe, d’un minuscule morceau de phalange dans la grotte de Denisova en Asie centrale.
L’ADN de ce minuscule fragment a été assez bien conservé (0°C en permanence dans cette grotte) pour que les scientifiques séquencent son génome. Ces analyses ont révélé que le fossile date d’il y a seulement 80 000 ans et qu’il n’appartient ni aux sapiens ni aux néandertaliens. Ces découvertes chamboulent alors toute l’histoire récente de la lignée humaine. Grâce à la conservation de l’ADN on sait que cette phalange appartenait à une femme brune, aux yeux marrons et à la peau foncés. De plus nous savons qu’elle est une cousine des néandertaliens. On estime leur séparation à 500 000 ans comme représenté sur le schéma si dessous.
Svante Pääbo et son équipe ont décidé de comparer le génome de l’Homo sapiens et celui de Denisova. Ils ont découvert qu’il avait eu une hybridation entre Denisova et l’Homo sapiens mélanésiens seulement (Papouasie-Nouvelle Guinée). 5% de leur génome provient de Denisova. Cela signifie que les ancêtres des Mélanésiens se sont probablement reproduits avec des membres de l’espèce Denisova, et ce après la séparation entre les Mélanésiens et les autres Eurasiens.

Schéma représentant les flux de gènes,fait par CAL.
Pour la Science - n° 458 - Décembre 2015
https://sciencetonnante.wordpress.com/2012/11/12/denisova-qui-cest-celle-la/